Les traditions laotiennes

Le Soukhouane – cérémonie traditionnelle lao

Le but de cette cérémonie, dirigée par un vieux sage choisi comme officiant, est d'effectuer le "rappel" des âmes (khouane) de notre corps. Chacun de nous, possède une âme dans chacune des 32 parties de son corps. Ces 32 khouanes de nos corps ont tendance à se disperser dans la nature. On les rappelle afin qu'elles ne nous fassent pas défaut. Le sage, après avoir rappelé les 32 khouanes, attache aux poignets les fils de coton blancs afin de les retenir. Nominalement au nombre de 32 – chiffre symbolique – ces forces vitales assurent le bon fonctionnement de chaque organe du corps.

Un homme n’est au meilleur de sa forme, physiquement ou moralement, que lorsque tous les khouanes demeurent à leur place normale. Ces forces peuvent quitter le corps de leur propre gré et agissent, dans ce cas, comme des esprits doués d’une volonté et non comme de simples forces. Ils ont, alors, tendance à vagabonder et partager la vie des phi et des autres créatures peuplant le monde surnaturel, s’exposant ainsi à bien des dangers. Ils peuvent également quitter le corps d’un individu lorsque ce dernier tombe malade, est victime d’un accident ou est, tout simplement, pris d’une grande peur.

Il est donc normal, quand une personne arrive à un moment critique, ou à un point tournant, marquant son existence ou lorsque sa vie est, ou vient d’être mise, en danger, de faire le rituel du soukhouane afin d’assurer que le bénéficiaire est redevenu un être complet et équilibré, apte à faire face à son avenir. Le soukhouane est pratiqué non seulement à l’occasion des mariages mais aussi pour donner un nom à un nouveau-né, pour une femme venant d’accoucher, en signe de bienvenue, lors d’un départ pour un long voyage etc.

 

Avant de procéder à la cérémonie, il est nécessaire de préparer un plateau garni d’offrandes appelé ba khouane. Au centre de ce plateau est disposée une large coupe d’argent dans laquelle des cornets de feuilles de bananier contenant des fleurs sont entassés en pyramide. Des fruits, des oeufs, un poulet bouilli, des pâtisseries, de l’argent, des cierges, des verres d’alcool, des bâtonnets d’encens et des cordelettes de coton sont disposés dans la coupe centrale et sur les bords du plateau. D’autres coupes d’offrandes sont parfois apportées par des parents ou des amis participant à la cérémonie.

Lorsque l’assistance s’est assise autour du ba khouane, l’officiant débute la  récitation des formules rituelles par des invocations aux Trois Joyaux (Bouddha, Dhamma, Sangha) et aux divinités tutélaires pré-bouddhiques. Viennent, ensuite, les formules priant les khouanes de regagner leur habitat normal, à venir profiter des offrandes :

“Venez, o khouanes bien-aimés, vous qui êtes partis servir les divinités célestes,

Et vous, qui êtes retenus dans les profondeurs de l’enfer Aveci !

Ne demeurez pas ainsi au pays des phis !

Ne demeurez pas dans les monts et les bois !

Venez à la maison prendre votre part de riz sur le plateau !

Venez à la maison prendre votre part de poisson dans la coupe !

Venez à la maison et puisez l’eau de la cuvette !

Venez, o khouanes demeurant dans la jungle; méfiez-vous des phi phon !

O khouanes qui demeurez dans les champs, craignez que les buffles ne vous encornent !

O khouanes qui demeurez sur les hauteurs, craignez que les termites ne grimpent sur vous !

O khouanes demeurant dans les arbres, redoutez les bêtes sauvages !

Venez, o khouanes ! Lorsque vous serez parvenus dans les champs, ne butez pas sur les touffes d’herbe !

Quand vous aurez atteint les rizières, ne vous heurtez pas aux souches de riz ! ”

Les  khouanes ayant été invités à recevoir les offrandes, l’officiant récite, alors, des formules extravagantes qui se résument en des voeux de longévité, de prestige, de bonheur, de force, de fidélité. Ces voeux sont accompagnés par la ligature d’un fil de coton autour du poignet des bénéficiaires et des membres de l’assistance par l’officiant.

Les participants échangent entre eux des voeux formalisés par le pratique du phuk khen. La ligature du poignet, effectuée selon les normes rituelles, fixe symboliquement les khouanes au corps d’une personne dont on retire, par ce même geste, les mauvaises influences tout en y faisant entrer les bonnes.

 

Le mariage lao

Au Laos le concubinage n'existe pas. Un homme et une femme doivent se marier pour vivre ensemble maritalement. Dans la majorité des groupes ethniques, notamment pour les lao loum et selon la tradition une jeune fille doit garder sa virginité jusqu'au mariage. On dit que un vrai amour d'un homme envers une femme consiste à respecter cette tradition.

Une jeune fille ne sort pratiquement pas toute seule avec son petit ami. Elle est toujours accompagnée par un frère, une soeur ou ses amies. Aujourd'hui cette tradition est encore respectée. Mais dans les grandes villes, certains jeunes de nouvelle génération semblent l'ignorer.

Au Laos, pour demander la main d'une fille à son futur beau père, la tradition et la manière traditionnelle diffèrent légèrement d'une région à l'autre. Mais la base est la même pour tous. Quand un garçon et une fille s'aiment et veulent se marier c'est toujours le garçon qui doit faire la démarche. Il envoie ses parents pour rencontrer ceux de la fille. Ce sont ses parents qui demandent pour lui. Si les parents de la fille sont d'accord, il peuvent tout de suite discuter de la somme de dot que le garçon devra payer le jour de mariage. Ils peuvent fixer un autre jour pour en discuter. Il y a des cas où les parents de la fille ne veulent pas de garçon, il peuvent demander une somme très (trop) importante qui signifie leur refus.

Le mariage est toujours célébré autour d'un grand soukhouane et précédé par une sorte de petites fêtes de préparation qui dure 2 ou 3 jours. Cette préparation est appelée "Oun dong" et a lieu chez la mariée. La cérémonie de soukhouane se passe également chez la future mariée. Le futur marié, accompagné de ses parents et amis, doit parlementer et offrir de cadeaux avant de franchir la porte. Le futur marié doit également apporter une dot plus ou moins importante suivant sa situation et la négociation préalable avec la famille de la future mariée.

Pour la cérémonie du "Baci" la famille prépare un grand plateau, le "Phakhouan", sur lequel on pose coupes et vases en argent décorés de fleurs qui contiennent des aliments pour le "Khouan". Le "Baci" est une cérémonie par laquelle le bon peuple lao, au milieu des sourires et des fleurs, manifeste sa joie de vivre et la générosité de son coeur. Il est organisé à toute époque de l'année. Par cette cérémonie, on formule les voeux de toutes sortes à l'enfant qui vient de naître, à la femme qui relève de couches, au malade qui vient de guérir, à l'homme qui va entreprendre un long voyage ou qui rentre dans son foyer. Il y a des "Baci" de nouvel an et de mariage, des "Baci" offerts aux haut personnage, de passage, aux amis qu'on retrouve ou aux fonctionnaires qui viennent d'obtenir une distinction honorifique: souhaits de bienvenue ou de bon voyage, de bonheur et de prospérité.

Les laotiens respectent le calendrier bouddhique qui indique que le meilleur moment pour se marier se situe dans la période qui précède le carême, avant la saison des pluies.

 

La légende

La légende dit que les amants sont prédestinés selon le nène (karma amoureux). Dans le ciel un jardin merveilleux où chaque individu a un arbre dont les branches embrassent celles de l'âme soeur. Quand le moment est arrivé, le couple prédestiné est envoyé sur terre, les poignets liés par un fil de coton mais le "vent des ciseaux qui coupe et vent du couteau qui tranche" sépare les futurs conjoints qui vont alors renaître chacun de leur côté. Toute sa vie, l'individu va chercher à retrouver son ou sa partenaire prédestiné. En réalité, le choix du conjoint relève souvent de la famille. Parfois une mésalliance peut amener la mise au ban des amants. Aujourd'hui, dans les grandes villes, les jeunes ont de plus en plus de liberté sur leur vie amoureuse ce qui n'est pas encore le cas à la campagne.